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I SAW YOU SCREAMING

À l’occasion de son premier voyage en Corée du Sud, Sarah Trouche pose l’inévitable question du rapprochement entre le Nord et le Sud. Elle se rend le long de la DMZ, une zone démilitarisée étendue sur quatre kilomètres qui sépare les deux territoires. Un no man’s land chargé de grilles, de barbelés et de murs, où viennent se recueillir les gens. Ils y déposent des rubans correspondant à des vœux ou bien des pensées symboliquement envoyées à leurs proches vivant de l’autre côté. En explorant les limites de cette zone ultra protégée, l’artiste découvre la frontière maritime. L’ouest de la Corée est sujet à de grandes marées qui génèrent de vastes territoires de boues. À marée basse, les deux pays sont quasiment connectés par la boue, sans qu’aucune frontière physique ne les sépare. Ces zones boueuses sont surveillées de près. Dans la boue sont disposées des ancres métalliques imposantes pour empêcher les bateaux d’accoster.

L’artiste s’est discrètement introduite dans la boue afin de pouvoir se rapprocher le plus possible de la Corée du Nord. Elle y a enterré des rubans colorés afin qu’ils puissent réellement être récupérés par les habitants du Nord. Alors son corps est exposé, mis en danger, pour signifier une volonté commune de réunion. Le corps recouvert de boue apparait comme la jonction entre les deux rives. Elle poursuit son action à Paris (Glamorama #9- 2012), où elle se présente nue, la peau recouverte d’une peinture brunâtre. Ses cheveux sont harnachés d’épaisses extensions, elles-mêmes terminées par plusieurs ancres métalliques. Le corps est le jouet d’un tiraillement physique, oscillant entre tension et résistance. Il est éprouvé pour mieux souligner les incohérences de deux pays séparés qui tendent à fusionner à nouveau.

Julie Crenn

I saw you screaming

Paris 2012

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