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FACCIA A FACCIA, VENNI, VIDI, VISSI

Paradoxalement, la défigure est le motif par lequel opère le face-à-face. On le retrouve décliné avec force dans l'installation centrale de l'exposition, une vingtaine de têtes moulées dans du savon, fusillées au niveau du cortex, de l'oeil, de la joue ou de la bouche. La violence de la réalisation (proche des tirs cathartiques de Niki de Saint Phalle) et leur dimension mortifère (la cire pouvant renvoyer aux masques funéraires des Romains) reproduisent la violence de l'agression, même si le choc est amorti par les tons pastels qui en tempèrent la morbidité.

L'assemblée de gueules cassées fait face à un moulage en bronze de la première tête explosée, un patient zéro, un point alpha qui fige le trauma initial. Comme autant d'échos de cet évènement, elles traduisent le bégaiement psychique dans lequel plonge l'expérience traumatique, leurs lèvres entrouvertes mimant même la précarité du dicible, l'inhibition, le dénis et la honte qui précèdent le chemin de réparation.

Florian Gaité

SANS-TITRE

France, 2017

© 2018 by Anna L'hospital

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