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HUMAN VS CHINA DREAM

"En Chine, un pays où elle a l'habitude de travailler, Sarah Trouche ausculte les contradictions d'une société. En 2010, elle se rend dans la région du Yunnan qui vient d'être bouleversée par des inondations, des glissements de terrains et des vagues de boue meurtrières. Des villages entiers sont ensevelis, emportant avec eux des milliers de victimes. L'artiste est consternée par la décision du gouvernement de reconstruire les villages au mépris des corps qui n'ont pas encore été retrouvés. Elle décide de s'enduire de la boue rougeâtre et de se poster, telle une gargouille, sur le toit d'une maison. De là, elle observe l'inhumanité des dirigeants qui, par profit, délaissent leurs morts. Elle constate avec effroi que le collectif remporte sur l'individuel. Une année plus tard, Sarah Trouche est confrontée à un changement d'attitude. Pendant les débats générés par les Jeux Olympiques de Pékin, une méfiance à son encontre s'est clairement manifestée. Les réactions occidentales par rapport à la situation tibétaine, le non-respect des droits de l'homme, la censure et toutes les formes d'interdits jugés contraires aux valeurs véhiculées par l'évènement ont provoqués un malaise. 

L'artiste a ressenti le besoin d'exacerber le droit à la libre expression, au débat, à l'échange et à la discussion. Un droit amoindrit par des pressions politiques. Elle a donc activé trois actions. Sur la muraille de Chine (Action for Great Wall - 2011), elle a déambulé nue, le corps recouvert de peinture rouge, armée de feux de détresse allumés. Le corps en mouvement alerte sur les dérives d'une société où la parole est contrainte. Devant l'opéra de Pékin, elle a ouvert et fermé deux lampions de papier rouge. Les mouvements lents du corps et des lampions rappellent ceux d'une respiration irrégulière et suffocante, à l'image d'un pays où fourmillent les contradictions. Une performance que l'artiste a réactivée au milieu de la place de Tiananmen. Le deuxième acte n'a pu être achevé puisque les autorités l'ont contrainte à stopper son action. Pendant une durée déterminée, elle n'est aujourd'hui plus autorisée à entrer en Chine. Les lampions rouges, habituellement utilisés pour marquer un évènement singulier, célèbrent ici les failles d'une société coincée entre ses traditions et ses ambitions."

Julie Crenn

Action for Great Wall

China, 2011

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