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Dans cette perspective d’immersion et de recherche, son corps est à la fois le filtre et le vecteur d’une translation de son vécu, de son expérience in situ. Sarah Trouche insiste sur le caractère passager de son statut et de ses actions. Elle soulève des questions, ouvre des débats et finalement libère la parole sur différentes problématiques, sur des non-dits sclérosants. Pour cela, elle offre son entière personne puisqu’elle se présente nue aux yeux d’un public non averti de ce qui va se dérouler. « Nous jouons tous un rôle, le fait de porter tel ou tel vêtement amène une signification et va être porteur d’un code social établi. Me présenter nue face au public implique que je donne tout ce que j’ai au moment de la performance. Le corps est présent, il devient conducteur, outil de protestation et de dénonciation.» Son corps est entièrement peint d’une couleur spécialement sélectionnée en fonction du lieu étudié. La peinture participe pleinement à la fabrication de l’écriture picturale imaginée pour chacune des actions.

La couleur, la peau, le corps et les gestuelles répétées génèrent une sculpturalité du corps. A cela s’ajoute une réflexion liée à l’image et plus spécifiquement à la peinture. Celle-ci joue un rôle déterminant lors de la scénarisation des actions, puisqu’elles sont pensées en termes de cadrage, de composition, de lumière, de couleur et d’articulation des plans. Si elle ne peut en aucun cas contrôler tous les paramètres de ses actions (toujours réalisées sans répétition et une seule fois), elle conçoit par avance une image-trace de la performance à venir. Si l’image finale ne correspond pas à ses attentes, elle disparaît. Les traces visuelles de ses actions ne sont pas systématiquement conservées, nombreuses d’entre elles demeurent non documentées. 

Julie Crenn, Alarm Call

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