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FACCIA A FACCIA, VENNI, VIDI, VISSI

L'effondrement des défenses psychiques dans l'expérience traumatique se traduit dans l'ordre proprioceptif par le sentiment d'"être en mille morceaux". Sarah Trouche donne corps à cet éparpillement en éclatant dans l'espace un corps démembré, en grande partie recouvert d'épines. Réalisées en biscuit, cette céramique proche de la texture dermique, et peintes couleur chair, les sculptures suscitent autant de répulsion qu'elles en appellent à la caresse. Leur charge libidinale est assurée par cette chorégraphie de la relève dans laquelle l'artiste les a imaginées : arabesques des mains,

danse du ventre autour du nombril, découverte du téton, jeté de tête et retourné de jambes, le tout orchestré par une projection lumineuse qui augmente leurs contours de leurs ombres. En négatif du corps pénétré, percé, blessé qu'est le corps traumatique, Sarah Trouche a néanmoins donné à ce "moi-peau" ordinairement protecteur, comme le pense Didier Anzieu, une tonalité plus offensive, en le recouvrant d'excroissances en forme de piques.

Florian Gaité

SANS-TITRE

France, 2017

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